L’art de la dualité, Fabio Dolce et Antonino Ceresia réinventent Dante avec « #LaCommedia » au Château de La Tour d’Aigues

L’art de la dualité, Fabio Dolce et Antonino Ceresia réinventent Dante avec « #LaCommedia » au Château de La Tour d’Aigues
#La Commedia - Photo, SVR

Plongez au cœur de l’installation artistique « #LaCommedia » de la compagnie Essevesse, une œuvre créée par les danseurs et chorégraphes Fabio Dolce et Antonino Ceresia. Bien plus qu’une simple performance : c’est une exploration poétique inspirée par l’œuvre intemporelle de Dante Alighieri.

Tout l’été le château de la Tour d’Aigues accueillait l’installation #LaCommedia de la compagnie Essevesse créée par les danseurs et chorégraphes Fabio Dolce et Antonino Ceresia. Nous les avons rencontré à l’occasion des journées du patrimoine. Ils nous ont fait découvrir leur oeuvre inspirée par Dante Alighieri. Une oeuvre tout en douceur, aux sens multiples, une oeuvre poétique et dansée avec des images de Nicolas Clauss sur la musique originale de Romain Aweduti, deuxième création d’un triptyque autour de l’oeuvre du poète italien.

#lacommedia au Château de La Tour d’Aigues – photo EM

En visitant l’installation de la compagnie Essevesse, nous sommes vite pris par la multitude de détails de symboles ou de figures allégoriques faisants directement référence à l’oeuvre de Dante ou encore à l’art du moyen-âge, et pourtant en prenant un peu de recul, tous ces éléments présents se répondent entre eux pour un créer un univers mouvant

Retrouvez les infos de la compagnie Essevesse sur leur site web

Retranscription de l’interview de Fabio Dolce et Antonino Ceresia

Ouste !
Tout l’été, le château de la Tour d’Aigues accueillait l’installation Hashtag la Comédia de la compagnie SES, créée par les danseurs et chorégraphes Fabio Dolce et Antonino Ceresia. Nous les avons rencontrés à l’occasion des Journées du Patrimoine. Ils nous ont fait découvrir leur œuvre, inspirée par Dante Alighieri. Une œuvre tout en douceur,au sens multiple,une œuvre poétique et dansée, avec des images de Nicolas Clauss sur la musique originale de Romain Aweduti. Deuxième création d’un triptyque autour de l’œuvre du poète Italien.

Antonino
Cette deuxième création se veut comme une installation animée par des vidéos, un mouvement et une mise en scène vraiment de ce que Fabio et moi voulions mettre en parallèle de la société, de la modernité. avec l’époque de Dante. Et ensuite, cette installation est accompagnée par une performance dansée, par Fabio et moi-même. On est trois interprètes artistes en live, avec le musicien Romain Aweduti, qui a créé à la fois l’ambiance sonore de l’installation et à la fois la musique de notre performance dansée.

Fabio
Et si je peux juste rajouter que le hashtag dans le titre est très important pour nous, parce qu’un des questionnements de Dante, c’était comment unifier l’Italie à travers un langage. Et du coup, on dit que Dante, c’est un des pères de la langue italienne, c’est le florentin qui est devenu la langue italienne. Et nous, on s’est questionné sur qu’est-ce que ça pourrait être aujourd’hui le langage qui unit le peuple, qui unit le monde. Les langages des hashtags à travers les réseaux sociaux, pour nous c’était une évidence que c’était ça aujourd’hui. Il est envoyé partout dans le monde et les gens à travers Instagram, à travers Twitter, ex-Twitter aujourd’hui, X, etc. Enfin tout réseau social, ils arrivent avec ce hashtag à retrouver cette information.

Ouste !
Avec Fabio Dolce et Antonino Ceresia, nous pénétrons maintenant dans la salle qui accueille cette installation et qu’ils nous font découvrir.

Fabio
Dès que l’on rentre on découvre des images, on découvre un texte sonore, un texte qui est composé d’une poésie qu’on a écrite avec Antonino et moi-même, qui s’inspire à la fois du texte de la Divine Comédie de Dante et à la fois de la poésie qu’on a écrite nous. qui décrit un petit peu le temps moderne avec un langage de métaphore et d’allégorie. Et puis on découvre aussi des tutus qui sont accrochés au sol par une toile de corde noire. Et aussi des tutus verts, des tutus rouges et un tutu bleu en particulier, qui pour nous a une signification très importante pour rendre hommage à Béatrice, qui est décrite habillée de blanc, vert et rouge. qui a des yeux bleus et voilà pour nous c’était un peu ce tutu bleu qui vient raconter sa présence dans cette exposition qui est plutôt composée d’images de Antonino et moi-même on a voulu faire écho au fait que Dante se pose comme premier personnage principal de sa comédie et à la fois c’est l’écrivain et nous en termes d’artistes et chorégraphes on a voulu faire ce parallèle en se mettant aussi comme sujet principal de ces vidéos. On découvre aussi un petit chemin de laine qui amène vers une lumière qui fait un peu écho au bois obscur de l’entrée de l’enfer pour Dante, qui est décrit comme la « selva oscura ».

Ouste !
En visitant l’installation de la compagnie Essevesse, nous sommes vite pris. par la multitude de détails, de symboles ou de figures allégoriques faisant directement référence à l’œuvre de Dante ou encore à l’art du Moyen-Âge. Et pourtant, en prenant un peu de recul, tous ces éléments présents se répondent. entre eux pour créer un univers mouvant.

Antonino
Oui, quelque part on voulait créer aussi un espace dansant à travers les images, puisque c’est des images en mouvement, et de créer une danse à travers les vidéos, et non seulement à travers les vidéos, mais avec toute l’installation, avec les tutus, pour symboliser aussi une Divine Comédie, qui n’est pas narrative, nous nous en inspirons. mais qui exprime aussi la dimension de la danse et des corps en mouvement. Et si Fabio, tu veux rajouter quelque chose ?

Fabio
Oui, en fait, le fait que les images se répondent, c’est aussi pour montrer la difficulté, pour montrer la complexité de l’être humain et voir comment une même personne peut être à la fois ça, et ça, et ça, et ça, et ça encore. Et pour nous, c’était important de… Justement, Dante, lui, il se décrit dans la Divine Comédie comme… Une personne qui se laisse complètement guidée, qui est ignorant de ce qui va lui arriver, alors que Dante, c’est lui qui l’a écrit, donc c’est lui qui est le savant. Et d’ailleurs, c’est un savant extraordinaire. Il était très très réputé pour sa connaissance sur la mythologie, sur la science, sur la numérologie, sur l’astrologie, sur la politique, etc. Donc pour nous, cette dualité entre le personnage qui sait et le personnages qui ne sait pas nous a mis face à une réalité très complexe de l’être humain, nous sommes plusieurs facettes de nous-mêmes et en fonction du lieu où on se trouve, on va montrer tel ou tel visage de nous-mêmes. Et notamment, il y a aussi des portraits qu’on peut découvrir dans l’installation, à savoir que toutes ces images ont été tournées par Nicolas Clauss et une des spécificités de cet artiste français, cher ami et collaborateur, ce sont justement ses portraits. Donc lui, il a fait tout un travail sur les portraits presque immobiles, avec des micro-mouvements qui nous ont beaucoup touché. Et quand on l’a vu, on a tout de suite pensé à Dante, justement à cette vision de comment il se met face de ses lecteurs et à ses lectrices. Et on a voulu représenter un petit peu la même chose avec ces images-là, qui viennent complémenter à la fois un univers un peu fantastique, un peu extravagant, et un univers très pur, très sobre. qui est celui de Nicolas Clauss à travers ces portraits.

Ouste !
Toutes ces images réelles ou projetées, ce poème que l’on entend dès que l’on pénètre dans la salle se fondent dans la musique composée pour cette pièce.

Antonino
L’artiste qui a créé l’ambiance sonore qu’on entend qui accompagne l’installation s’appelle Romain Aweduti qui travaille avec nous depuis plusieurs années. et qui a participé à la création sonore aussi des deux autres créations autour de Dante, parce qu’effectivement avec Fabio on a pensé à créer un triptyque, du fait qu’il était très attaché à la numérologie et que le 3 était vraiment symbolique dans son œuvre, la commedia. On a pensé du coup à créer un triptyque, donc une pièce plus courte. Cette deuxième… une création qui est installation plus une performance dansée où Romain a créé le son et une troisième création qui est un spectacle plutôt classique et qui est présenté sur scène.

Ouste !
Nous nous retrouvons avec Antonino et Fabio sur la terrasse du château de la Tordègue pour parler de la douceur et de la poésie qui émanent de cette installation.

Antonino
De mon côté, à mon regard, je pense que c’est quelque chose qui nous représente tous les deux, qui représente de toute manière notre lien de vie et notre lien d’amitié, et aussi la façon dont on voit les choses, qui n’est pas forcément toujours la même, mais en tout cas on est sûr qu’on a une âme poétique. Et ce n’est pas forcément parce que c’est doux que c’est poétique, si c’est plus énergique que ça l’est moins. Mais quelque part au vu de ce qu’on est arrivé à accoucher en termes de textes, à l’écoute qu’on a eu aussi, et le soin qu’on a eu autour des paroles, des phrases, des mots dits, écrits. la façon dont la musique se marie avec cette poésie, ça représente… une douceur qu’il y a quelque part dans notre relation. Effectivement, on voit deux hommes, on voit deux amis, on voit deux âmes sœurs, on voit deux guides, on voit un accompagnant et un assisté aussi. C’est un peu l’image que représente Dante à travers son voyage. Et ce guide qui est présent dans les deux premières dimensions, l’enfer et le purgatoire, qui est Virgile, qu’il suit comme un maître. Il y a deux hommes et puis il y a aussi cette femme. Donc, de notre côté, il y a une interrogation de cette question qui est fondamentale aujourd’hui du genre, de la place de l’homme, de la place de la femme. Qu’est-ce que ça représente ? Qu’est-ce qui fait défaut ? Qu’est-ce qu’on peut faire pour avoir un regard différent ? Et finalement, cette image féminine qui n’est pas présente dans les images, mais qui est symbolisée, qui est présente par ces tutus aussi, et qui est toujours là comme quelque chose d’inspirant, comme une muse.

Ouste !
Demain c’est les Journées du Patrimoine au Château de la Tour d’Aigues. Vous allez danser à l’occasion de ces journées-là. c’est une performance en parallèle de l’exposition, comment est-ce qu’elle lui fait écho ?

Fabio
En fait nous en général dans nos pièces c’est jamais que de la danse à chaque fois qu’on propose quelque chose c’est toujours un mix d’art pour nous c’est très important que la musique soit toujours en live. Ces vidéos, cette installation, ces tutus, etc. fait vraiment partie intégrante de notre idée de cette performance #LaCommedia. Et donc, comme tu le disais, cette performance dansée et musicale vient compléter cette installation. Et ça s’inscrit dans un voyage du spectateur, de la spectatrice, que ce soit avant ou après la performance, peu importe. Mais on le voit comme une suite d’images. On a envie d’enrichir l’imaginaire des spectatoristes à travers… à la fois la danse qui émane de la vidéo, à la fois les installations du tutu, etc. Et à la fois la danse et la musique en live, parce qu’on a envie d’atteindre aussi le public avec plusieurs émotions et on sait très bien que le live, ça apporte quand même quelque chose en plus. Et on fait un petit écho à la fois à la masculinité, qu’on peut appeler aujourd’hui toxique, avec notamment… tout ce qui peut être lié au milieu du football. Vous verrez demain. Mais dès par nos costumes, on vient détourner un petit peu l’image du joueur de foot qui devient autre chose, qui va peut-être donner une image beaucoup plus douce. Parce qu’on a envie de rendre les limites des genres un peu brusquées. Et ça, ça se complète justement avec la performance dansée musicale de Romain.

Ouste !
Durant l’été, vous êtes venu ici au château de la Tour d’Aigues pour faire notamment trois semaines de résidence. Trois semaines de résidence sur la création de votre prochain spectacle. Ce spectacle parle de quoi ?

Fabio
On est venu pour « L’un contre l’autre », qui est notre nouvelle création, une création en cours. Un peu comme on a fait pour « #LaCommedia », on s’inspire de la poésie du Moyen-Âge, On s’inspire du « Cantique des créatures » de François d’Assise, et puis on extrapole un peu la dualité de cet homme, homme de péché devenu saint, et voir comment cette dualité cohabite à l’intérieur de chacun, de chacun d’entre nous, et on a créé un spectacle toujours dansé, musical et chanté. On a un artiste… chanteur lyrique qui est avec nous qui s’appelle Loïc Basile, Antonino et moi-même qui sommes à la conception, à la danse et à la chorégraphie et Romain Aweduti qui nous suit aussi avec cette nouvelle création. Ces trois semaines de résidence s’inscrivaient dans le cadre de l’été culturel qui est un projet financé par la DRAC et on remercie le Château de la Tour d’Aigues de nous avoir accueillis. C’était la première fois qu’ils accueillaient. des artistes en résidence. Donc, nous sommes honorés.

Antonino
Et d’ailleurs, on remercie aussi Saskia, qui est commissaire d’exposition, qui nous a permis de participer à ces trois semaines de résidence et de création in situ. Ouste ! et alors comme on pourra pas tous venir demain au château de la tour d’aigle ce serait pas tous les jours si on veut suivre votre travail en fait comment ? On a une super site internet de la compagnie, essevesse.com et là vous pourrez voir un peu les événements à venir dans la région et à l’étranger parce qu’on travaille pas mal en europe et notamment là on va danser le deuxième volet du triptyque de La Divine Comédie « #Like4Like » une des trois pièces du triptyque. On va la danser au théâtre de Briançonnais le 4 février. Et puis on sera le 30 avril, par exemple, à Catane, à Sena Repúblico, dans le cadre du FIC Festival, pour « L’un contre l’autre ». Donc on va débuter un peu une partie de la pièce dans le cadre de ce festival. Et l’aventure continue, donc n’hésitez pas à nous suivre sur les réseaux sociaux et sur notre site internet.

Entretien Réalisé par Eric Muller

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